le tu tue de Jacques Salomé

le tu tue de Jacques Salomé

LE TU TUE

« Le TU tue »… Voilà une phrase qui sonne comme une vérité brute et qui force à réfléchir…

Comment le TU TUE de Jaques Salomé peut aider les adultes à mieux parler aux enfants à l’école ou la maison. Parents, enseignants, c’est parti pour encore plus de paroles en or !

Jacques a dit « LE TU TUE »

Lorsqu’adolescente, j’ai entendu pour la première fois de ma vie cette phrase de Jacques Salomé http://www.j-salome.com, j’ai ressenti à quel point elle était puissante !

On joue à Jacques a dit ? Repensez à votre dernière « prise de tête », « prise de bec », altercation ou dispute avec un autre adulte. Pouvez-vous vous remémorer quelques phrases commençant par « tu » ? On peut facilement imaginer des reproches du style :

  • tu ne comprends rien
  • tu ne m’écoutes jamais
  • tu n’es jamais là
  • tu ne t’intéresses pas à ce que je te raconte
  • tu n’y mets pas du tien
  • tu ne m’aides jamais
  • tu ne me respectes pas
  • tu m’énerves, tu me saoules, tu me gaves, …

La liste peut être très longue, je vous laisse le soin de la compléter avec vos propres exemples issus de votre vécu ;-).

Cependant, ce cas de figure concerne les reproches entre adultes. L’objet de ce blog est d’observer de plus près nos paroles adressées spécifiquement aux enfants. Alors, courage, voyons les choses en face et on y va !

Nos enfants se prennent aussi des « tu qui tuent »

Oui, nos enfants se prennent aussi des tonnes de « tu qui tuent » ! Que ce soit à l’école ou à la maison, entre un adulte et un enfant, les phrases échangées peuvent souvent ressembler à ceci :

  • tu n’écoutes pas
  • tu n’y mets pas du tien
  • tu ne m’aides pas
  • tu m’énerves
  • tu ne comprends rien
  • tu n’as qu’à te débrouiller
  • tu n’arrêtes pas de te plaindre
  • tu es épuisant/ énervant/ …
  • tu es distrait/maladroit/ lent…

On peut même rajouter le « vas » au « tu » que j’appellerais le « tu des prédictions » : « tu vas… »

  • tu vas renverser
  • tu vas tomber
  • tu vas casser, …

Conséquences du TU qui TUE

Sans grande surprise, les conséquences du TU qui TUE sont que l’enfant va se conformer aux attentes de l’adulte et comme ces phrases visent à le définir, il va finir par s’y conformer. Le maladroit sera encore plus maladroit, le plaintif sera encore plus plaintif, le verre finira par se renverser, celui qui n’aide pas aidera encore moins, etc etc…

En bref, insidieusement, ce genre de paroles entraînent les relations dans un cercle vicieux.

Prendre conscience des dégâts du TU qui TUE sans (trop) culpabiliser

Oui, en tant que parent ou même éducateur ou enseignant, il est très fort probable que nous ayons déjà prononcé de telles paroles et le but ici n’est certainement pas de nous juger ou culpabiliser. Car cela n’aidera en rien. L’objectif que je nous propose est de prendre conscience de l’impact négatif puissant de ce TU accusateur. Car quand on mesure la force de ce « tu » qui pointes la faille, le défaut, le problème de l’autre, on se rend tout à coup compte des dégâts que cela peut poser.

En effet, d’un côté il y a l’adulte qui « accuse » et de l’autre, l’enfant qui se prend de plein fouet la phrase assassine…

Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’enfant par définition est en cours de construction dans sa personnalité et il découvre la vie et l’interaction avec son environnement. Il cherche à se définir, à comprendre qui il est, à savoir quelles sont ses forces et ses pistes d’amélioration… Il cherche tout simplement à être aimé. Alors recevoir une phrase qui l’enferme dans une « vérité » assénée par un adulte, c’est une marque qui s’imprime en lui. D’autant plus, si on lui répète souvent et d’autant plus si cette phrases est prononcée par un adulte en qui il a confiance. Recevoir une accusation paralyse et condamne. En aucun cas, cela permet à l’enfant de se reprendre en main, d’avoir envie de réparer une bêtise ou de s’améliorer…

Est-ce vraiment des TU qui TUENT que nous souhaitons à nos enfants ?

Non bien évidemment, ce n’est pas ce que nous souhaitons à nos enfants ! Et oui, c’est moche et ça ne fait jamais plaisir de se rendre compte de la différence entre ce qu’on souhaite et ce qu’on crée parfois. Mais vous me connaissez (https://nosparolesenor.com/pourquoi-ce-blog/) , le but n’est pas de se plaindre ni de se lamenter ni de se culpabiliser pour ce qui est déjà fait ! Cette prise de conscience nous permet justement d’ouvrir les yeux sur l’impact que cela a et de nous poser la question : est-ce cela que nous souhaitions aux enfants que nous accompagnons ? Voulons-nous que les enfants que nous aimons se sentent mal dans leur peau, se dévalorisent, perdent confiance en eux et dépriment secrètement ou pas ? Certainement pas. Notre intention est évidemment qu’ils deviennent des adultes bien dans leur tête et dans leur peau.

Bonne nouvelle ! Nous pouvons renverser la tendance et envoyer valser le TU qui TUE !

Bonne nouvelle donc, nous avons une possibilité magnifique, celle de changer les choses et de REAGIR ! Comment ? En choisissant tout simplement de nouvelles phrases qui, elles, feront passer notre message mais de manière mille fois mieux présenté. Car oui, parfois les enfants nous poussent dans nos retranchements et nous énervent par leur distraction, leur trop grande énergie, leurs maladresses, … mais en leur communiquant de manière plus respectueuse, le résultat sera certainement différent.

Le « tu qui tue » transformé en « je »

Concrètement donc, au lieu de lancer une phrase en « tu » bien acerbe qui pointe l’enfant du doigt comme principal responsable, l’idée est de transformer le « tu » en « je ».

Exemples :

  • « tu es épuisant » –> et bien cela donnerait : « je me sens épuisée »
  • « tu vas renverser » –> et bien cela donnerait : « je te fais confiance pour amener tout le contenu à destination »

Qu’est-ce que cela change ? Tout ! Cela change tout ! Cela déplace le problème qui n’atterrit plus sur la tête de l’enfant. On pose de cette manière le problème « à côté » de l’adulte et de l’enfant, au lieu de le charger sur les épaules de l’enfant qui impuissant ne verra pas quoi en faire. L’enfant se retrouve alors comme par magie dissocié du problème ! Il n’est plus le problème ! L’adulte permet alors à l’enfant d’observer le souci et de devenir co-acteur d’une solution.

L’enfant qui entend « tu es épuisant » ne peut plus rien y faire car le couperet est déjà tombé. Par contre si sa maman exprime « je me sens épuisée », elle permet à l’enfant de CONSTATER le problème : « maman se sent épuisée ». L’enfant (non blessé irrémédiablement par la vie) va inévitablement entrer en empathie avec elle et chercher des solutions pour elle car bien entendu, il ne veut pas « faire mal ». Un peu comme lorsqu’une maman bataille avec ses enfants qui ne l’écoutent pas du tout et puis elle craque, se met à pleurer, et là, tout s’arrête, les enfants comprennent qu’ils sont allés trop loin et grâce à l’authenticité de leur maman qui a exprimé son point de vue à elle, la relation peut se rebâtir et la situation s’améliorer. Nous avons tout à gagner à exprimer notre point de vue, nos sentiments, nos émotions en JE…

Le « tu » puissant en mode positif

Commencer des phrases par « tu » n’est cependant pas interdit… à condition que ce qui suive soit positif, encourageant, valorisant, élevant, …

Style : « Tu es beau, tu es merveilleux, tu es fort, tu as toujours de bonnes idées, tu as une créativité sans limite, tu es mon soleil, tu es mon petit panda câlinou tout doux, tu réussis facilement tes calculs, tu es capable de faire cela, tu as de la valeur à mes yeux, tu es aimé, … »

A vous de jouer !

Cela demande un peu d’entraînement mais ce n’est pas si compliqué… Comment faire pour y arriver ?

1. Etre conscient de la force du « TU » en début de phrase (ça y est, vous l’êtes puisque vous avez lu cet article 😉 !)

2. Redoubler de vigilance à chaque fois que vous commencez une phrase qui commence par « TU »

3. Reformuler en JE tout ce que vous voulez exprimer

Entraînez-vous et si vous voulez, je vous conseille même de l’expliquer à vos enfants. Car eux aussi en auront besoin pour s’exprimer à leur tour. Voilà notre cercle vertueux ! En outre, ils pourront en complicité avec vous vous aider à prononcer de plus en plus de paroles en or.

N’hésitez pas à m’adresser vos « phrases en tu » si vous ne voyez pas comment les transformer en « je », je me ferai un plaisir de chercher avec vous.

Véronique

 

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4 réflexions sur « le tu tue de Jacques Salomé »

  1. J’aime beaucoup ce principe de communication bienveillante que tu expliques très clairement et qui est facile à appliquer, que ce soit avec des enfants ou même avec des adultes ! Merci pour cet article, tu es très facile à lire 🙂

    1. Merci beaucoup Margaux pour ton commentaire. Oui, comme tu dis, l’important pour moi est de me faire le porte-parole de choses faciles à appliquer dans notre quotidien… sinon, on se décourage et on reporte à plus tard. Nos enfants (et bien entendu les adultes de notre entourage) ont tout à gagner à recevoir des paroles élevantes et constructives. Alors, sortons notre bienveillance au maximum pour le plus grand bonheur de tous. Au plaisir Margaux.

  2. Très bon article, merci pour ce rappel ô combien imprortant pour permettre à nos enfants à devenir des adultes plus sereins et rempli de confiance en eux. Je suis moi même extrêmement vigilante à ma manière de parler, que ce soit dans mon language intérieur mais aussi à celui que j’utilise envers mon fils. J’utilise plus souvent l’expression de mes besoins  » tu es trop bruyant VS j’ai besoin de plus de calme est-ce que ça te serais possible de faire un peu moins de bruit ? « . Une belle sensibilisation à la force du language. Merci pour cela.

    1. Merci Marion pour ton commentaire. Oui oui, c’est tout à fait cela : parler en « je » permet d’exprimer alors ses besoins et l’enfant plein d’empathie cherchera à répondre aux attentes exprimées avec authenticité… Construire ensemble des solutions dans une relation respectueuse des uns et des autres est d’un grand soulagement et permet d’aller tellement plus loin… Au plaisir de te lire Marion et plein de bons moments à toi et ton fils !

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